CLUELESS. Consécration de l'alliance de la Paramount Viacom International Inc.

Page d'Accueil/Homepage. English Page. Page Française. Working Papers. Les Travaux. 

« Clueless », un adjectif en anglais pour le titre d'un film à diffusion mondiale. Un film américain bien sûr.

Comment résumer une histoire comme celle de « Clueless » ? Une jeune adolescente de 16 ans, Cher, fille d'un riche avocat d'affaire veuf de Beverly Hill, vit dans le luxe. Sa spécialité; le « look ». Contrairement à ses amies, elle est vierge. Elle croisera un homosexuel, puis trouvera en la personne du fils de la seconde femme de son père (qui est aussi son ex femme) son véritable amour. Évidemment, d'autres péripéties arrivent à Cher et sa bande.

Comédie à prendre au second degré, ce n'est certainement pas une réussite cinématographique.

D'une part, les principaux « artisans » de « Clueless » n'ont pas été choisis par hasard.

Amy Heckerling, la réalisatrice, avec son «Fast Times at Ridgemont High », en 1982, inédit dans bon nombre de pays, avait déjà traité le sujet des lycéens dont la discussion favorite portait sur le sexe.

La campagne publicitaire française de « Clueless » fut d'envergure et très ciblée vers son public potentiel, c'est à dire la jeunesse. Pas de nom d'acteur bien apparent sur l'affiche, mais simplement le slogan « Du sexe, de la mode, des snobs, ça vous gêne? ». Mais le sexe fait largement partie du mensonge dans ce film. La publicité faite au niveau mondial est sans doute très avant-gardiste, mais très contestable. Au moins six mois avant la sortie du film en salle, un message plus qu'énigmatique était diffusé sur MTV Networks. Deux filles, une blanche, Cher, et une noire aux yeux bleus, sa meilleure amie, Donna, paraissaient pendant une trentaine de secondes suivi de l'insigne du film, sans plus d'explication. Seul problème, le fait que les deux scènes utilisées à cette occasion n'aient rien à voir avec le film et ne figurent absolument pas dans ce dernier. On peut soupçonner qu'elles aient, soit été coupées au montage, soit, plus certainement été réalisées spécialement pour la publicité qui, à ce titre, est tout à fait fallacieuse.

« Clueless » est avant tout une opération commerciale car Amy Heckerling a obtenu ses lettres de noblesse avec « Looks who's talking » en 1989 et « Look who's talking too » en 1990 (V.F. «Allô Maman, ici Bébé » et « Allô Maman c'est encore moi ») qui furent des succès commerciaux, mais d'après la critique, d'une médiocrité affligeante.

Quant à Alicia Silverstone, actrice principale dans le rôle de Cher, son choix est aussi délibéré. Elle commence au cinéma en 1993 avec « The Crush », où une adolescente de quatorze ans (qu'elle ne joue pas) est obsédée par un journaliste preneur d'une maison louée par ses parents. En 1994, elle participe au film français d'Alain Corneau « Le Nouveau Monde » qui fut un « ratage ». Changement de cap en 1995 quand elle apparaît dans le très passable thriller fantastique « Souvenir de l'au-delà ». Parallèlement Alicia Silverstone sera l'héroïne de trois vidéo clips du groupe américain Aerosmith à l'occasion de la sortie de l'album « Get a Grip », avec, en particulier, l'évocation du « virtual sex » de « Amazing », ce qui n'est pas étranger au choix de l'un des messages publicitaires dont nous avons parlé plus haut.

Cela n'est pas étranger non plus, au fait, que le film soit présenté par la Paramount, compagnie acquise en septembre 1993 par le groupe Viacom, devenu de ce fait le sixième groupe multimédiatique mondial.

En effet, d'autre part, Viacom est le propriétaire de MTV US et de MTV‑EUROPE, sans compter sa participation à MTV ASIA et le bon nombre de franchises que le réseau possède partout dans le monde à l'exception de l'Afrique et d'une partie de la Russie. Alicia Silverstone, est une figure désormais connue du monde de la musique, plus que du monde du cinéma. Le succès rencontré par les vidéos clips du groupe Aerosmith, avec les multiples récompenses acquises au « MTV Video Music Awards » en 1994, en témoigne. Or, tout dans ce film fait penser à MTV. Ne serait ce que l'insigne de celui ci réalisé à la façon de MTV, le générique, qui comme l'affiche, ne présente pas les actrices, qui par ailleurs sont relativement peu connues. A ce titre, on connaît le système de cette chaîne, qui sait trop bien faire oublier, « broyer », ses animateurs. Seul le produit final compte, pas les ingrédients. « L’œuvre » est parachevée par la présence de « tubes » connus, comme celui qui fit la gloire de la chanteuse Kim Wilde, « Kids in America » qui sert d'habillage musical au générique, mais que l'on a soigneusement fait reprendre par un groupe inconnu. Les émissions que regarde Cher sont les célèbres « Beavis and Butt Head » (de MTV) et les moins célèbres personnages diffusés sur la chaîne pour enfants du groupe Viacom; Nickelodeon. Un « passage » de Cher sur CNN, ferait-il comprendre l'hostilité de Summer R. Redstone, ex directeur de ciné parc qui contrôle Viacom avec 69% des actions ayant voix délibérative, à l'encontre de Ted Turner, qui contrôle CNN, et qui souhaitait acquérir Viacom au moment de son Offre Public d'Achat amicale contre la Paramount?

En définitive, le tout ressemble trop à une adaptation de la célèbre série « The Real World » que MTV exploite toujours avec autant de réussite. Une série qui présente l'adolescence insouciante, riche et belle, bref, fausse,

« Clueless » film techniquement intéressant, est dédié au succès commercial dû uniquement à sa campagne de publicité d'envergure consacrant l'alliance de deux groupes qui, plus que sérieusement, produisent des centaines d'heures de programmes par jour en attendant la très imminente arrivée de la compression numérique qui, après Interne, nous plongera d'autant plus dans un monde d'informatique et d'images virtuelles, où l'Amérique, comme toujours, jouera un rôle primordial.

HAUT.TOP.


This page last updated on July 2nd, 2002.
Copyright Laurent D. FAURE and NEUROMEDIA 2002.