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La réglementation en vigueur autorise les courtes citations à titre d’exemple.
5 titres.
MATHESON, Richard. Au-delà de nos rêves.
SMITH, Michael Marshall. Avance Rapide.
Marshall Smith, Michael. Frères de Chair.
Koontz, Dean. Jusqu’au bout de la nuit.
*
Traduit par COLLON, Hélène. What Dreams May Come. New York : G.P.Punan's and Sons. 1978.
Extraits.
C'est
drôle. J’en ai parlé à plein de copains et de copines, et tous ont du mal
à se représenter leurs parents en train de faire l'amour - pour certains,
c'est même inconcevable. Sans doute est-ce un phénomène très répandu. Mais
moi, ça ne m'a jamais posé de problème. Nous les avons souvent vus serrés
l'un contre l'autre ,dans la cuisine, le petit salon, leur chambre, n'importe où,
debout là sans rien se dire, comme deux tourtereaux. Parfois même dans la
piscine. Et quand ils étaient assis côte à côte, que ce soit pour se parler,
regarder la télévision ou n'importe quoi d'autre, maman se laissait aller
contre lui, il l'entourait de son bras, elle posait la tête sur son épaule.
Ils étaient vraiment adorables, Wendy. Ils... excuse-moi, je recommence à
tremper ma lettre.
Je reprends après un nouveau temps d'arrêt,
le temps de m'essuyer les yeux. Bref, pour en revenir à ce que je disais, je
n'avais aucun mal à les visualiser au lit. Cela me semblait parfaitement
naturel. Combien de fois (quand j'ai eu l'âge de m'en rendre compte, évidemment)
ai je entendu la porte de leur chambre se fermer tout doucement et la clef
tourner dans la serrure avec un léger déclic! Je ne sais pas ce qu'il en est
de Louise, Richard et Ian, mais moi, cela. m'a toujours fait sourire.
- Et les organes de la reproduction
?
- Tu en as toujours parce que c'est
ce qui te paraît logique.
Mais avec le temps, quand tu constateras qu'ils ne servent
plus à rien, ils s'en iront.
- Ça alors! Drôlement bizarre.
Il a secoué la tête en souriant
tristement. « Et encore pense aux gens dont toute l'existence tournait
autour de ces mêmes organes. Ceux qui, même après la mort, en conservent le
besoin et l'usage parce qu'ils ne peuvent concevoir la vie sans eux. Naturellement,
ceux là ne trouvent jamais la satisfaction véritable, l'assouvissement
de leurs désirs. Ce n'est qu'une illusion. Mais ils ne peuvent s'en libérer et
cela entrave indéfiniment leur progression. C'est cela qui est bizarre, Chris.
- Je peux comprendre, ai je concédé.
N'empêche, mes relations avec Ann étaient en partie physiques.
- Ah, mais il y a ici des gens qui
s'aiment, qui ont des relations sexuelles.» Une fois de plus, il me prenait au
dépourvu. « L'esprit est capable de tout, rappelle toi ce que je t'ai dit.
Toutefois, avec le temps, les gens se rendent généralement compte que le
contact physique n'est pas aussi intégral que sur terre. »
Page
105.
Toutes sortes de fonctions étaient disponibles, à quelques évidentes exceptions près. Par exemple, pas de ministère de la santé, pas de services sanitaires, ni pompiers ni police. Encore moins d'industrie agroalimentaire ou textile, pas de transports publics, ni médecins, ni avocats, ni agents immobiliers. « Et encore moins d'employés des pompes funèbres, a-t-il ajouté sur le ton de la plaisanterie.
- Qu'advient il des personnes qui exerçaient justement ces professions ? ai je interrogé.
- Ma foi elles trouvent à s'employer ailleurs. » Son sourire s'est effacé. «Ou alors, elles s'accrochent. Mais pas ici, évidemment. »
De
nouveau ce frisson dans le dos, cette allusion volée à un « ailleurs »
dont je ne voulais rien savoir. J'ai consciemment fait l'effort de changer de
sujet, toujours sans bien savoir pourquoi.
Page 115.
« Si vous éprouvez des sentiments aussi forts l'un vis-à-vis de l'autre, c'est parce que vous êtes des âmes sœurs. »
Page 184.
- Chris, réfléchis ! Tiens‑tu tant que cela à revenir dès maintenant dans un monde où les masses sont spoliées, dupées par une poignée d'individus ? Où l'on détruit des stocks de nourriture alors que par ailleurs des millions d'êtres meurent de faim ? Où le service public n'est qu'une vaste et cynique hypocrisie ? Où le meurtre est un recours plus accessible que le plus petit acte d'amour ? »
Il ne me ménageait pas, mais c'était
pour mon bi je m'en rendais compte ; il essayait de me retenir Summerland pour
que je puisse avancer dans mon parcours spirituel.
Page 300.
Car en vérité, il n'est pas
courageux de mourir. Le véritable courage se trouve dans la volonté de renaître,
de quitter les mille merveilles de Summerland pour replonger au cœur de l'étreinte
de la matière. La cause du traumatisme n'est pas la mort mais la vie. On peut
très bien mourir sans jamais, le subir.
Page
312.
Commentaires.
Richard
Matheson est doué, c’est clair. « Au-delà de nos rêves » fut
porté à l’écran en 1998, comme ce fut le cas de
« Je suis une Légende ».
Stephen King relevait le fait que, chez Matheson, l’élément sexuel est
rarement présent. Et c’est vrai. Il sait faire d’excellents romans sans
cela, même si l’amour est évoqué dans un sens plus spirituel que charnel,
car « Au-delà de nos rêves » est aussi une histoire d’amour, et,
est aussi une évocation exemplaire de ce que pourrait être la vie après la
mort. Combien de sectes diffusent des brochures sur ce que pourrait être la vie
après la mort, ce que pourrait être Dieu (dont Richard Matheson ne parle pas
un seul instant) en s’enferrant dans des invraisemblances se rapprochant
beaucoup trop de la vie terrestre. « Au-delà de nos rêves » force
l’admiration et il existe une véritable réflexion philosophique qui peut
sous tendre ce livre comme beaucoup d’autres.
SMITH,
Michael Marshall. Avance
Rapide. Pocket. Collection «Science-Fiction ». 1998.
318p. ISBN 2-266-07895-X.
Traduit de l’anglais britannique par DANNEREAU, Grégoire. Only Forward. 1994.
Extraits.
Hélas
le parc était plein de gens prenant des rendez-vous impromptus avec des
personnes pouvant leur être utiles.
Page
26.
Quelques
explications. Il y a très longtemps, les cités étaient organisées en
fonction de la race et du niveau de vie de leurs habitants. Plus maintenant. Les
gens ont dû trouver que ça n'avait pas grand intérêt... Passer son temps à
haïr ses voisins était sans doute trop fatigant. En même temps, le concept de
ville s'est modifié. Quand une capitale couvre soixante dix pour cent
d'une nation, les choses doivent être organisées différemment.
Les
quartiers sont devenus des Quartiers, des États libres. Les habitants d'un
Quartier apprécient la même chose. Si on n'aime pas, on fout le camp pour
trouver un coin plus à son goût.
Sauf
si on naît dans un Quartier pourri... dans ce cas, on reste où on est.
Certaines réalités ne changent jamais. Et alors ?
Page
27.
Mon
appartement était équipé d'une fonction de recherche. On tapait le nom de
l'objet voulu sur une petite télécommande, qui fouillait ensuite électroniquement
les lieux. Le problème, c'est que je l'avais perdue.
Page
40.
Après
un certain temps, ils ont décidé de visiter le Quartier. Ils ont remarqué
deux choses. Primo, si vous n'aimiez pas les chats, ils ne vous
laissaient pas entrer Secundo il y avait un truc bizarre. Les ruines et les ordures avaient
disparu. Les immeubles avaient été nettoyés. La pelouse du parc était
tondue. Le Quartier était d'une propreté immaculée.
«Hum.
Vraiment intéressant... » ont pensé les visiteurs mal à l'aise.
Dans
le Quartier Chat, l'éclairage fonctionne. La plomberie marche. Les gens qui
vont rendre visite à leur matous dorment dans des chambres aussi propres que si
la femme de ménage était passée trente secondes avant.
Chaque
pâté de maisons a son magasin au coin et on trouve de la nourriture toujours
fraîche. Un chat est assis au comptoir; il vous regarde. Vous entrez, vous
choisissez ce dont vous avez besoin, vous sortez.
Personne
ne comprend comment ils font. Aucun humain n'habite dans le Quartier. Je sais,
j'ai regardé. Non, il y a simplement un nombre infernal de chats. Certains
vivent là toute l'année, d'autres quelques mois seulement. Ils chassent, se prélassent
au soleil, dorment sur, ou sous des objets.
Ils
se la jouent cool.
Et
l'éclairage fonctionne, et la plomberie marche, et tout est propre.
Page
56.
Il
n'y avait aucun bruit dans le conduit ; j'ai tapé le numéro du bureau de Zenda.
-
Salut, Stark, a dit Royn. Hé, vous êtes dans un tunnel.
-
Ouais. Zenda est libre ?
-
J'ai bien peur que non. Elle est en réunion pendant les soixante‑douze
prochaines heures. Je prends un message ?
Page
63
Brandfield
est un Quartier pour riches. Les adultes de sexe masculin sont médecins,
avocats, dentistes. Leurs filles, jeunes et jolies, font des rallyes et du
shopping en attendant d'épouser un médecin, un avocat ou un dentiste. Les
golfs occupent un tiers du terrain et la compétition est féroce pour
appartenir au plus chic. Les trois clubs les plus réputés ne prennent pas de
nouveaux membres du tout.
Shelby
est une jeune fille cent pour cent Brandfield, mais elle a une facette cachée.
Ses amis considèrent comme vulgaire de savoir remonter une montre... Elle se
balade aux commandes de son hélico.
Page
107.
Pourquoi
chercher ? Quelque part, il y a un endroit fait pour vous. Vous y allez ; vous y
restez. Les gens demeurent en majorité dans le Quartier où ils sont nés. Les
cultures sont si spéciales qu'une fois adulte, les autres modes de vie semblent
inconfortables.
Page
110.
Dans certains quartiers, les boîtes vous proposent un service complet : le pseudodroïdes venait
chez vous vous baisait, faisait cuire la pizza puis s'en allait, le tout pour vingt crédits.
Page
136.
Rester
en vie, par exemple. Ça a l'air si facile...
Mais
parfois, naître est une épreuve insurmontable.
Page
144.
Les
richards sont devenus très sérieux ; ils jouent au, golf dans le Brandfield ou
dans le Cash. Être plein aux as n'a plus l'air aussi marrant. Avant, il
suffisait d'arrêter de, travailler et de claquer son argent pour s'acheter des
choses superficielles. Aujourd'hui, les gens engrangent de la thune, puis ils en
remettent un coup pour en obtenir encore plus.
Ah
oui: ils jouent aussi au golf
Page
148.
-
Qui sont les Câlinettes ? a demandé Alkland, qui avait du mal à suivre.
-
Vos assistantes pour la douche, a expliqué le soldat. Elles empêchent l'eau de
faire du bruit en tombant et prennent de la place dans la cabine.
-
Oh.
J'ai
souri. Les Câlinettes... Joli euphémisme s'il en était. L’hospitalité du
roi semblait sans limites.
Page
203.
Page
253.
Commentaires.
Le
Coloré, le Centre, le Rouge, le Turn, le Stable ou encore le Chat. Le tout,
c’est la Cité.
C’est
ici le monde du rêve que l’on explore, le Jeamland et l’on s’adresse à
vous, chers lecteurs. Les rêves peuvent parfois blesser ou même faire
traverser d’un lieu à un autre d’une époque à une autre, car la Cité, ce
n’est autre que le Royaume-Uni de Grande-Bretagne dans le futur, et une fois
dans le futur, en passant par Jeamland, on ne revient plus dans le passé
Nord-Américain. Encore une preuve, et la critique était d’accord, que la
littérature dite, de Science-fiction peut être le pire ou le meilleur. Là
encore, il existe un réel effort de réflexion sur le rêve et sur l’idéalisme
du futur, sans sexe ni sang. On ne se doute de pas grand chose avant la fin,
l’auteur, britannique, sait « faire couler » l’histoire et
inutile de dire qu’il est facile de se faire entraîner par la rivière.
8
avril 2001-10 avril 2001.
Marshall Smith, Michael. Frères de Chair. Paris : Calmann Levy, 1998. (Spares, London : Haper Collins Publishers, 1996) ISBN 2 7021 2909 9.
Michael Marshall Smith avec ce deuxième roman qui se passe aux États-Unis d’Amérique dans un futur imaginé où une guerre a eu lieu de « l’autre coté du miroir », où des « alters » clones fournissant des organes de remplacement pour des humains sont sortis de l’état végétatif par une machine et un ex-policier, réalise en plus de 300 pages, le tour de force de convaincre les studios Dreamworks de l’adapter au cinéma, et c’est à propos car MMS est un spécialiste du « monde onirique ». Reste à dire que l’on ne s’ennuie pas et que cet auteur a une qualité que beaucoup d’autres, tel Stephen King, n’ont pas. La sexualité est à peine évoquée et surtout ses histoires se finissent toujours bien comme on aime qu’elles se finissent. Pas de déception de bout en bout … Deux bons romans en 1998, d’autres seront les bienvenus …
6-18 avril 2001.
Traduit par Garène, Michel. Fear Nothing. Koontz, Dean
1998.
Extraits.
Peut-être que mon étrange célébrité
me vaut aussi des privilèges. Il ne faut pas sous estimer le pouvoir de la célébrité
en Amérique moderne.
Page 30.
Toute ma vie, j'avais entendu notre
maison bourdonner de conversations. Mon père, ma mère et moi discutions de
romans, de vieux films, des folies des politiciens, de poésie, de musique,
d'histoire, de science, de religion, d'art et des chouettes, des ratons laveurs,
des chauves-souris et des crabes appelants qui partageaient la nuit avec moi.
Nous pouvions aussi bien disserter gravement sur la condition humaine qu'échanger
des commérages absurdes sur les voisins. Dans la famille Snow, aucun programme
d'exercice physique, aussi énergique fût-il, n'avait d'intérêt, s'il ne
s'accompagnait de l'exercice quotidien des organes de la parole.
Page 31.
Mon père et ma mère étaient tous
les deux porteurs sans le savoir d'un gène récessif qui n'apparaît que chez
une personne sur deux mille. Les chances qu'ont deux individus de ce genre de se
rencontrer, de tomber amoureux, et d'avoir des enfants sont de une sur des
millions. Même dans ce cas là, il faut que les deux transmettent le gène à
leur progéniture pour que la catastrophe frappe, et il n'y a qu'un risque sur
quatre que cela se produise.
Avec moi, mes parents ont touché
le gros lot. Je suis atteint de xerodenna
pigmentosum, ce que j'appelle XP pour faire plus court, une maladie génétique
rare et souvent fatale.
Ses victimes sont très vulnérables
aux cancers de la peau et des yeux. Même une brève exposition au soleil - en fait, à tous rayons ultraviolets, dont ceux de lampes incandescentes
et fluorescentes - pourrait être catastrophique pour moi.
Tous les êtres humains s'exposent
à des dégâts causés par le soleil à l'ADN - le matériau génétique - dans
leurs cellules, ouvrant la voie aux mélanomes et autres malignités. Les gens
sains possèdent un système de réparation naturel : des enzymes qui éliminent
les segments endommagés des brins d'ADN afin de les remplacer par de l'ADN
intact.
Chez les sujets atteints de XP, en
revanche, les enzymes ne fonctionnent pas : aucune réparation possible. Les
cancers provoqués par des ultraviolets se développent facilement, rapidement - et métastasent de manière incontrôlée.
Avec une population excédant deux
cent soixante-dix millions d'individus, les États-Unis comptent plus de
quatre-vingt mille nains. Quatre-vingt-dix mille Américains dépassent les deux
mètres dix. Notre nation s'enorgueillit d'abriter quatre millions de
millionnaires, lesquels verront leurs rangs grossir de dix mille autres avant la
fin de l'année. En douze mois, une moyenne d'un millier d'Américains est frappée
par la foudre.
Moins de mille Américains
souffrent de XP, et il en naît moins d'une centaine chaque année.
La faiblesse de ce chiffre est due
en partie à la rareté de la maladie. Et s'explique aussi par le fait que
beaucoup d'entre nous ne vivent pas longtemps.
La plupart des médecins
connaissant mon mal auraient prédit que je mourrais dans mon enfance. Ils
auraient été rares à parier que je survivrais à l'adolescence. Et aucun
n’aurait risqué un sou sur l'éventualité de me voir encore bien vivant à
vingt-huit ans.
Quelques rares malades sont plus âgés
que moi, d'autres beaucoup plus, mais la plupart d'entre eux sinon tous
souffrent de problèmes neurologiques progressifs associés à notre maladie.
Tremblements de la tête ou des mains. Perte d'audition. Bredouillements. Voire
handicap mental.
A part mon obligation de me protéger
de la lumière, je suis aussi normal et complet que tout un chacun. Je ne suis
pas albinos. Mes yeux ont une couleur. Ma peau est pigmentée. Et si j'ai l'air
pâlot à côté des surfeurs californiens, je ne suis pas blanc comme un linge.
À la lueur des bougies dans le monde nocturne que j'habite, je peux même, étrangement,
donner l'impression d'avoir le teint mat.
Chaque nouveau jour est un don du
ciel et je pense faire le meilleur usage de mon temps. J'adore la vie. Je trouve
du plaisir là, où chacun pense le trouver, mais aussi là où peu auraient
l'idée de le chercher.
En 23 av. J.-C., Horace a dit : «
Mets à profit le jour présent. »
Je mets à profit la nuit présente
et la chevauche comme s'il s'agissait d'un grand étalon noir.
Pages
33 et 34.
Peut-être nous attendions-nous à
tomber sur un autel dédié aux dieux maléfiques Cthulhu et Yog-Sothoth dans
quelque recoin infesté de ronces de la roseraie. Bobby et moi lisions pas mal
de Lovecraft à l'époque.
Page 63.
Il m'arrive d'oublier combien la
franchise avec laquelle j'exprime mes sentiments est inhabituelle qu'elle peut
surprendre et, comme dans ce cas, émouvoir plus que je ne l'aurais cru.
Page
122.
Jeûne homme, diplômé surdoué de
la faculté de droit en 1941 à vingt et un ans à peine, Toshiro avait été
interné à Manzanar, le camp où l'on garda prisonniers de loyaux Américains
d'origine japonaise durant toute la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre,
furieux et humilié, il se mua en militant, bien décidé à défendre les
opprimés. Au bout de cinq ans, il avait perdu sa foi en l'égalité de tous
devant la justice et en était arrivé à penser que, si on leur en donnait
l'occasion, la plupart des opprimés deviendraient des oppresseurs
enthousiastes.
Il décida de se spécialiser dans
les préjudices corporels. Sa capacité d'apprentissage étant aussi élevée
que les monolithes produits par un typhon du Pacifique sud, il ne tarda pas à
devenir l'avocat le plus coté de la région de San Francisco.
Quatre ans plus tard, ayant fait de
confortables économies, il laissa tomber son cabinet. En 1956, à l'âge de
trente-six ans, il construisit cette maison sur la péninsule sud de Moonlight
Bay, dépensant des sommes astronomiques pour effectuer les raccordements d'électricité,
d'eau, et de téléphone.
Page 214.
Les aiguilles de chaque horloge
sont des cisailles, nous taillent petit bout par petit bout, et chaque horloge
à affichage numérique nous aveugle jusqu'à l'implosion. Le temps est si précieux
qu'il n'est pas à vendre. Ce que Corky avait donné à Bobby, ce n'était pas
vraiment du temps, mais la chance de vivre sans montrer sans conscience de
l'existence des horloges, ce qui donne l'impression que les secondes s'écoulent
plus lentement, avec moins de furie meurtrière.
Mes parents ont essayé de m'offrir
la même chose. Mais à cause de mon XP, j'entends parfois le tic-tac du temps
qui passe. Peut-être arrive-t-il aussi à Bobby l'entendre. Peut-être n'est-il
possible à aucun d'en nous d'y échapper.
Page 218.
-
J'ai pensé...
- Il était temps.
- Je travaille à un nouveau livre.
- Tu t'es enfin décidé à te
secouer.
- Il traite de l'amitié.
- Je suis dedans ?
- Incroyable, mais vrai, oui.
- Tu as changé mon nom, j'espère
?
- Je t'appelle Igor. Le truc... c'est que j'ai peur q les lecteurs n'accrochent pas, parce que toi et moi - tous mes amis - on vit des vies tellement différentes.
Page 230.
Ne jamais abandonner un ami. Les
amis sont tout ce qu'on a pour nous aider à traverser la vie - et ils sont les
seules créations de ce monde que nous pouvons espérer retrouver dans le
suivant.
Page 260.
- Non, monsieur. Vous êtes aussi
intelligent que n'importe qui.
- D'un autre côté, intelligence
et bizarrerie s'excluent pas mutuellement, n'est-ce pas ?
- J'ai rencontré trop de collègues
universitaires mes parents pour vous
contredire sur ce point.
Page 278.
Au début, nous pensions que sa
signification était évidente. Le cimetierre représente la guerre ou la mort.
Les dés qui tombent, le destin. La sphère de marbre bleu, la Terre, est un
symbole de nos vies. Vous rassemblez tout cela et vous obtenez un verdict sur la
condition humaine : nous sommes soumis aux caprices du destin, notre vie sur
cette planète est régie par le hasard. La merde de chien en bronze n'est
qu'une reprise minimaliste du même thème: la vie,
c'est de la merde.
Page 370.
Sasha dort toujours profondément,
avec la sérénité d'un rocher au fond de la mer, si bien qu'on se surprend à la
toucher pour sentir la chaleur de sa peau ou les battements son pouls, histoire
de se rassurer. Elle a la passion du sommeil.
Elle a une passion pour la passion. Quand
elle fait l'amour avec vous, la pièce cesse d'exister, et vous vous retrouvez
hors de l'espace et du temps, là où il n'y a que Sasha, seulement son éclat
et chaleur, sa glorieuse lumière qui réchauffe sans brûler.
Page 420.
En renonçant à prendre nos
responsabilités comme aucune génération avant la nôtre, nous avons confié
notre vie et notre avenir à des techniciens et à des experts qui s'emploient
à nous convaincre que nous ne possédons ni assez d'intelligence ni assez de
bon sens pour prendre des décisions importantes concernant la gestion de la
société. Voilà la conséquence de notre crédulité et de notre paresse.
L'apocalypse par des primates.
Page 456.
Commentaires.
Il
s’agit de la première aventure de Christopher Snow, le seul personnage que
Dean Koontz a consenti à réutiliser. Si la station de radio KBAY existe bien
mais n’est reprise que fortuitement, l’auteur nous indique que Christopher
Snow, Sasha Goodhall, Bobby Halloway existent vraiment et qu’il à
l’intention de passer plus de temps avec eux. C’est bien pour cela que son
second livre, Jusqu’au
bout de la nuit, est meilleur que celui-ci.
Post
adolescence, voir adulescence, et valeur sure de l’amitié donnent un
cocktail aussi efficace que dans le premier livre, et certains passages ont une
signification toute particulière en ce qui me concerne.
Si ce
livre est moins riche que le suivant, il est certain que certaines remarques
sont bien vues et d’autres font réfléchir. On note que Dean Koontz sait
toujours aussi bien décrire l’amour charnel. Ses bonnes relations avec sa
femme y sont peut-être pour quelque chose.
Cela étant
je ne suis pas certain que la génération dont parle Dean Koontz qui se trouve
être la mienne ne prenne pas ses responsabilités, mais justement, un certains
nombre de personnes s’accaparent un pouvoir qu’ils ne sont pas capables
d’exercer mieux que nous ne pourrions le faire.
KOONTZ,
Dean. Jusqu’au bout de la nuit.
Paris : Robert Laffont. Collection
Best-sellers. 2000.
429 pages. ISBN
2-221-08998-7.
Traduit de l’américain par
DENFERT, Dominique. Seize the Night. New York : Bantam Books. 1999. ISBN
0-553-10665-1.
Extraits.
L'amitié est précieuse, non
seulement durant les passages sombres de la vie, mais aussi durant les éclaircies.
Et, par un doux arrangement des
choses, il se trouve que le soleil a beaucoup brillé au cours de mon existence.
Thomas Jefferson
*
Les photos décrivant l'horreur d'un corps en décomposition m'avaient prouvé que les qualités que j'appréciais chez mes proches et mes amis, leur intelligence, leur humour, leur courage, leur loyauté, leur foi, leur compassion, leur miséricorde, n'avaient rien à voir avec la chair. Elles demeuraient au-delà des corps; elles restaient dans les souvenirs de la famille et des amis, vivantes à jamais, générant à leur tour de l'amour ou de la sollicitude chez d'autres, en un cycle sans fin. L'humour, la foi, le courage, la compassion, rien de tout cela ne pourrissait ni ne redevenait poussière. Aucune bactérie ne pouvait les altérer, pas plus que le temps ou la gravité. Ces qualités là n'étaient pas faites de sang et d'os périssables, mais des tissus de l'âme.
*
Nos idées et nos amis sont tout ce que nous avons en cas de coup dur. Les amis sont les seuls êtres de ce monde malade que nous souhaitons retrouver dans le suivant. Les amis et les êtres aimés sont les seules lumières qui éclairent l'au-delà.
Commentaires.
L’auteur dédicace ce livre à Richard APRAHAMIAN et Richard HELLER, « deux champions du droit qui jusqu’à ce jour ont su m’éviter d’aller en prison ! ».
Dean
KOONTZ revient rarement aux mêmes personnages, mais cette aventure de
Christopher SNOW est la seconde ; Christopher SNOW atteint de la Xeroderma
Pigmentosum ou XP, une hypersensibilité à la lumière, aux photons. La
maladie existe, en effet, mais est
aussi très rare. L’exploitation en est faite dans « Les Autres ».
Toute
cette histoire réside sur l’altruisme, l’amitié, l’amour, la tolérance,
la vie après la mort. Bref, pas mal de choses, et bien entendu, j’ai aimé.
Outre le fait que les héros sont jeunes, qu’ils excellent dans leurs actions
il faut savoir dépasser l’intrigue qui est celle de la confusion de différentes
réalités, avenir, présent, passé et les dimensions latérales, dont
certaines sont «létales». Le thème est, par ailleurs, commun. Même si Christopher SNOW, Snowman, doit vivre la nuit et à
l’abris de la lumière, cela ne l’empêche pas d’avoir des amis (dont
l’un qu’il connaît depuis 18 ans, sur 28 au total) et une « girlfriend »,
Sasha, dont la description (une belle rousse, illustration sur le site officiel
de l'auteur) est plutôt avantageuse, DJ de
radio, compositrice, star de la cuisine et excellant dans la pratique du Kama
Sutra. Presque parfaite, car on apprend aussi qu’elle aurait été plus ou
moins militaire. Néanmoins, ce que l’on sait aussi, c’est que l’XP oblige
le héros à renoncer à avoir des enfants, car ses chances d’atteindre un âge
très avancé sont minimes, et ses chances de transmettre sa maladie, réelles.
Cela
ne l’empêche pas de demander à Sasha de se marier avec lui à la fin du livre
et de dire que la vraie lumière de la vie était avec ceux que j’aimais,
aveuglante comme un soleil et bien évidemment, ceux qui me connaissent
savent ce que j’en pense …
20
juin 2002.