Sexualité Interethnique.

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 Les présents textes appartiennent à et n’engagent la responsabilité que de leurs auteurs respectifs sous réserve de traduction et d’adaptation.

Sexualité interethnique et amours internationaux : question brûlante.

Laurent D. FAURE.

 

Sexualité interraciale.

Emily MONROY. Traduit et adapté de l’anglais par Laurent D. FAURE.

 

Sexualité interraciale 2.

Emily MONROY. Traduit et adapté de l’anglais par Laurent D. FAURE.

 

Sexualité interraciale 3.

Emily MONROY. Traduit et adapté de l’anglais par Laurent D. FAURE.

 

Sexualité interraciale 4.

Emily MONROY. Traduit et adapté de l’anglais par Laurent D. FAURE.

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Sexualité interethnique et amours internationaux : question brûlante ?

La sexualité interraciale - comme la qualifie la Canadienne d’expression anglaise, d’origine italienne et irlandaise, résidant à Toronto (Ontario, Canada), Emily MONROY, dont nous présentons la traduction adaptée de quelques travaux - est assurément différente des relations internationales, même si elles se confondent parfois.

Avoir une relation sexuelle avec une personne qui est de son ethnie ne coïncide pas toujours avec les “ sentiments ” que l’on peut retrouver avec une personne, qui, sans avoir sa nationalité, ou même en l’ayant, n’a pas sa couleur de peau. Il existe, en effet, une forme d’excitation sexuelle, aussi bien pour l’individu blanc que pour la personne de couleur, qui n’existe pas toujours dans les relations internationales. Car une étude aléatoire américaine de 1998 démontre que ces relations sont motivées à 14,5% par l’excitation sexuelle. C’est plus que l’amour (9%) mais moins que le désintérêt total pour le facteur ethnique (83%) dans une telle relation.

Aujourd’hui il est acquis, même si l’on évite de le dire pour des raisons “ politiquement correctes ”, qu’il y a un fantasme interethnique dont le plus connu est la grande virilité des hommes noirs et, à l’inverse, la faible virilité des hommes asiatiques. Mais, dans la réalité, l’attirance interethnique n’est une motivation essentielle que dans 10% des cas, alors que 80% des personnes interrogées disent qu’elles n’hésiteraient pas à s’engager dans une telle relation si elle se présentait.

En ce qui concerne les femmes asiatiques, prétendument soumises, cette caractéristique est très renforcée par la publicité faite autour de la Geisha et par la philosophie du Tantrisme occidentalisé, conduisant au paroxysme du plaisir sexuel. Caractéristique, au demeurant exploitée par les “ vendeurs d’épouses ”, épouses qui feront tout pour venir vivre une vie plus exaltante avec un mari occidental. Ce n’est pas l’interethnique qui joue dans ce cas, mais plus une dualité pauvres/riches qui pose un réel problème de principe, car on n’achète pas l’amour.

Emily montre aussi combien il existait de stéréotypes, et combien il en existe encore aujourd’hui, dans la perception “ sexuelle ” que chaque ethnie a l’une par rapport à l’autre, quoi que nous soyons tous inter-féconds.

Dès lors, tout dépend de ce que l’on entend lorsque l’on parle de “ relations mixtes ” : internationales, interethniques, les deux ?

Si le mot “ sexualité interraciale ” gêne en français, c’est sans doute parce qu’il se rapporte à la “ race ”, or il n’y a qu’une (race) espèce humaine sur terre, et plusieurs ethnies. C’est pour cela que nous retiendrons en ce qui nous concerne le terme “ sexualité interethnique ”, mais pour ne pas trahir le texte anglais d’Emily nous retiendrons, dans la traduction, ses termes.

Dans des pays d’immigration, comme c’est le cas du Canada et des États-Unis d’Amérique, la question du “ croisement ” est d’actualité depuis bon nombre d’années, mais le niveau de son acceptation est presque similaire à celui que l’on retrouve en Europe, même si la forme de cette acceptation n’est sans doute pas la même, même si l’on trouve moins fréquemment des produits cosmétiques permettant à la femme de couleur de retrouver des “ cheveux droits ” à l’image des cheveux de la femme blanche en Europe qu’en Amérique. Emily expliquera d’ailleurs à quoi correspond cette caractéristique. Cela étant, 50% des gens ne ressentent rien de particulier lorsqu’ils voient un couple interethnique, 30% en sont même heureux, 3% ressentent de l’envie et 6% de la colère. 

Mais point trop n’en faut. Lorsque le Conseil de l’Europe a publié pour sa campagne “ Tous Différents. Tous Égaux ” une affiche représentant de dos, un homme noir et une femme blanche, nus, allant se baigner, ce genre d’évocation a été perçu comme une provocation de très mauvais goût, et de fait, n’a pas conduit au résultat recherché, bien au contraire. Le secret de l’alcôve ne saurait être suggéré au public.

Finalement, aujourd’hui, l’interethnique passe mieux que naguère. D’abord, parce que seulement 53% des personnes interrogées préfèrent rester avec une personne de leur ethnie ; ensuite, parce que ce n’est que justice; il serait curieux que l’homosexualité et le transsexualisme soit de plus en plus admis et que l’interethnique ne le soit pas. Évidemment, il existe une différence entre ce que l’on tolère et ce que l’on accepte, car en Afrique du sud, il a fallut attendre 1985 pour que le “ Prohibition of Mixed Marriages Act ” de 1949 (interdiction des mariages interethniques) et pour que l’ “ Immorality Act ” de 1957 (interdiction des relations sexuelles interethniques, des relations immorales en général) soient abrogés. C’est ainsi que la constitution de la République sud-africaine est la seule au monde à protéger les homosexuel(le)s. Mais on ne barre pas d’un trait de plume des décennies d’Apartheid, et c’est pour cette raison qu’il y a tolérance et non plus criminalisation des relations interethniques (et homosexuelles). Mais l’acceptation est encore loin, car comme le disait un Sud-africain noir “ un noir avec un blanche doit toujours être mieux qu’un blanc, il doit se faire pardonner sa couleur ”. Les lecteurs d’Emily verront que les choses n’ont pas vraiment changé autant que l’on le voudrait.

Si les termes d’Emily paraissent parfois violents, ils ont l’avantage de montrer une large palette d’interprétations du comportement qui s’attache aux relations interethniques - qui, malgré une légalisation après tout, récente, dans certains pays, et une illégalité persistante dans d’autres, en particulier sous l’influence religieuse - ont toujours existées.

Les relations interethniques ne sont cependant pas toujours internationales. Les relations internationales peuvent être aussi interethniques mais ne le sont pas toujours. Ainsi, une relation entre américain blanc et européen blanc, ne heurtera sans doute que de rares extrémistes, mais globalement, enchanteront la plupart des familles qui deviendront, de fait, elles-mêmes, internationales. Et, en particulier dans les jeunes générations, rien n’est plus “ in ” que “ vivre avec une étrangère ”. Rien n’est plus enrichissant aussi, car l’amour est un savant cocktail de différences et de ressemblances.

Il est clair que, l’unification européenne aidant, la mondialisation contribuant, Internet explosant, et la volonté de trouver son idéal, ici ou ailleurs, étant un puissant catalyseur, les relations, mêmes toujours marquées par les critères socio-économiques, changeront. Nous ne sommes plus à l’abris de nos frontières, gardiennes de la pureté de nos ethnies, mais bien au contraire, ouverts sur un brassage inter-culturel, pas toujours simple, il est vrai, mais au final bénéfique, que ce soit intellectuellement, physiquement (les “ mélanges ” sont réputés produirent de beaux enfants) et génétiquement (en particulier à l’égard des maladies génétiques). L’un de mes regrets sera, donc, toujours de n’avoir que la nationalité française.

Avril 2002.

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 Sexualité Interraciale.

 Dans un article intitulé “Sexualité blanche”  l'auteur de “ politiques sexuelles ” Susie Bright discute des stéréotypes au sujet du comportement sexuel d'Américains blancs. Ceux-ci incluent les GWM (gay white male - mâle blanc gay), les prostituées “ yankee ” et autres. Un stéréotype qui m'a frappé est la “ garce blanche en chaleur ”. Il se rapporte à la femme blanche qui viole la morale pour rechercher la satisfaction sexuelle dans les bras d'hommes noirs. Une telle femme perd la considération des blancs traditionalistes, mais la perte du piédestal est un faible prix à payer pour gagner l'accomplissement sexuel.

La sexualité entre une femme blanche et un homme issu des minorités ethniques continue à être une question brûlante en “ Amérique blanche ”, beaucoup plus que l’inverse. Le cinéma le confirme. Jungle Fever de Spike Lee au sujet d'une histoire d’amour entre un architecte noir américain et sa secrétaire italienne a défrayé la chronique, alors que Zebrahead où un homme blanc fréquente une femme noire, n’a pas été sujet à polémique. Ainsi, il aurait été difficile d’imaginer le succès pour Star Maps s'il avait traité d'un homme blanc recherchant des filles mexicaines au lieu d'une femme blanche recherchant des garçons mexicains. La plupart des films entre femmes de couleur et  hommes blancs sont des histoires larmoyantes et sentimentales (Miss Saigon, Pocahontas) et cela n’affecte pas la société.

La sexualité interraciale a produit son propre ensemble de stéréotypes. L’homme de couleur qui couche avec une femme d'origine européenne a tendance à être classé dans la catégorie unique de “ l’autre mâle ” qui convoite la femme blanche et chrétienne. Cette qualification a été assignée aux hommes noirs au “ vieux sud ” des États-Unis d’Amérique aux hommes philippins à l’ouest des États-Unis d’Amérique pendant la dépression, et aux hommes juifs en Allemagne nazie. Il existe différentes catégories pour les femmes blanches. Certaines - activistes politiques, par exemple - sont réelles, alors que d’autres - les garces - représentent plus une peur de la société face à la sexualité des femmes blanches que sur la vérité. Ce que ces archétypes représentent fondamentalement est une façon pour les gens de comprendre un comportement qu'ils condamnent et dont ils ont peur.

Voici les trois stéréotypes les plus communs concernant les femmes blanches qui couchent avec des hommes de couleur :

La garce

C’est une variante de la “ garce blanche en chaleur ” de Susie Bright. Une fille blanche qui couche volontiers avec un homme de couleur est une garce qui ne respecte pas la sagesse conventionnelle. Elle manque de toute retenue sexuelle. Dans le vieux sud des États-Unis d’Amérique, une telle femme a affronté la punition, la servitude, le rejet de sa famille et de la communauté, et la violence du Ku Klux Klan. Bien que les conséquences  légales du comportement de la garce aient disparues et que les conséquences sociales aient diminué, le stéréotype reste. Par exemple, accompagnée par un ami noir l'écrivain américain féministe, Gloria Steinem, a été mal perçue par les hommes blancs qui pensent que toute femme blanche avec un homme noir joue un jeu.

Comme pour la fornication, l’adultère, et promiscuité, un double niveau existe pour le sexe entre différentes races. Une femme blanche engagée avec un homme de couleur commet le péché de permettre un “Autre” mâle de la pénétrer, alors qu'un homme blanc qui pénètre une femme non-blanche ne fera l’objet d’aucune critique pour autant que ses rapports ne deviennent pas trop sérieux. L'outrage de la société blanche sur le métissage a moins avoir avec la pureté de la race blanche qu’avec le système reproducteur féminin blanc.

Les auteurs du livre The Color Complex, discutent des relations interraciales du temps de l'esclavage affirmant que “les esclaves métis [c à d. les enfants d'hommes blancs et de femmes noires] était un atout économique, dans la forme de propriété dont l’on disposait à l’égard de l’esclave” alors que “dans la grande maison [c.-à-d. la progéniture de femmes banches et des hommes noirs] interrompt le patriarcat.” Plus proche de nous, Susie Bright avance une autre hypothèse: “Quand une femme blanche est appelée “ maîtresse de noir ” cela veut dire qu'elle met sa satisfaction sexuelle avant son unité raciale. Le point important au sujet de cette notion est que les femmes blanches ne sont pas supposées mettre leur satisfaction sexuelle avant quoi que ce soit.”

L'activiste politique

Le stéréotype de l'activiste politique, contrairement à la garce, peut s’appliquer aux mâles blancs ainsi qu’aux femmes. Je l'utiliserai par référence aux femmes ici. L'activiste politique est une femme de gauche qui envisage l’engagement avec un homme non-blanc (surtout un noir) comme un acte de solidarité avec un groupe opprimé et peut-être comme un moyen d’attirer l’attention de la société et de se rebeller contre sa famille. Si elle et son partenaire ont des enfants, elle est admirée dans certains cercles pour détenir l’avenir des relations entre les races.

Mais beaucoup de minorités et de groupes de gauches sont sceptiques. Les personnes de couleur doutent que le métissage fasse disparaître le racisme car cinq cents ans de  “ mélange ” en Amérique n'ont pas conduit à ce changement. Comme personne blanche engagée dans une relation interraciale ces dix dernières années, j'ajouterais que vouloir supprimer la discrimination, même si noble, n'est pas en elle-même une bonne base relationnelle. Après tout, vous sortez avec un individu, pas une race entière. Si vous voulez faire quelque chose au sujet de la discrimination, adhérez à une organisation antiraciste.

Le vilain petit canard

Le vilain petit canard est une femme blanche qui ne peut pas être considérée comme la femme la plus laide du monde mais comme une femme qui n’attire pas le regard masculin. Dans le cercle blanc du moins. Lorsqu’elle sort de la “ forteresse blanche ” elle est la “ plus belle du bal”. Les hommes de couleur la considèrent avec attention. En quelques sortes elle est l'équivalent hétérosexuel féminin de l'écrivain chinois-canadien Richard Fung, un homme blanc homosexuel, considéré peu attrayant au Canada mais désiré dans les pays asiatiques pauvres pour sa situation socio-économique. Mais le plus meilleur atout du vilain petit canard n'est pas sa situation économique ou sa position sociale. C'est sa blancheur qui dans quelques communautés de couleur est un produit précieux (considérer la couleur des vedettes de cinéma aux Philippines, par exemple). Dans The Color Complex, un cinéaste noir décrit de façon humoristique le vilain petit canard: “Pendant des années un groupe de garçons noirs a grandi en se masturbant avec les filles blanches de Penthouse. Ainsi ils ont accepté de sortir avec des femmes de 250 livres dont la seule qualité rédemptrice était qu'elles avaient les cheveux blonds, les yeux bleus, et la peau blanche.”

J'ai joué le rôle du vilain petit canard plus qu'une fois. Dans mon lycée à 95% euro-américain j'avais un seul admirateur qui ne m'a pas intéressé. Un déplacement  dans un quartier hispanique voisin m’a valu deux sollicitations en une matinée. A l’université, en première année les amis américains blancs de mon cousin ingénieur me traitaient comme leur petite sœur. Deux ans plus tard mon petit ami était un ingénieur asiatique en maîtrise. Quelques amants m'ont dit que ma couleur de peau me rendait plus désirable. Un petit ami philippin m’a dit, durant notre première nuit ensemble, qu’il ne pouvait pas croire qu'il avait une femme blanche, pas seulement une femme, une femme blanche, dans son lit. Un métis mexicain m'a assuré que nous ferions de beaux bébés parce qu'ils seraient à trois-quarts blancs. Ma race n'était pas le seul élément qui attirait ces hommes mais je pense qu’elle y a contribué.

Le revers de la médaille du stéréotype du vilain petit canard est qu'elle sort avec hommes de couleur parce qu'elle n'est pas “assez bonne.” Si elle l’était, elle serait avec un homme blanc. Mais j’en suis venu aimer mon rôle de vilain petit canard. Les hommes blancs m'attirent, sexuellement plus en premier lieu (même lorsque l'homme blanc, c'était  un Italien ou un Grec plutôt qu’un Américain (WASP)). Le stéréotype du vilain petit canard n'est pas autant qu’il démontre le manque d’attrait d’une femme, qu’il démontre combien il est bien, et combien cette mentalité influence les gens de couleur.

Comme je l 'ai mentionné ci-dessus, ces trois stéréotypes, sont la simplification de comportements complexes facilitant la compréhension. Les “ anti-mixités ” peuvent expliquer que la femme blanche qui fréquente un homme de couleur est immorale (la garce), ou qu'elle a des idéaux désespérément utopiques (l'activiste politique), ou que les blancs n’en veulent pas (le vilain petit canard). Mais dans la vie ce n'est pas si simple. Quelques partenaires féminines blanches d'hommes des minorités peuvent chercher une aventure sexuelle, essayer de lutter contre le racisme, ou se tourner à l’amour interracial par défaut. Mais la plupart de ces femmes ont trouvé la bonne personne qui, comme disait une femme blanche dans The Color Complex, “ il arrive qu’il soit d'une autre couleur ”.

Quel serait e motif de mes rapports avec les hommes non-blancs ? Je peux voir chacun des trois stéréotypes en moi. Je me suis qualifiée de vilain petit canard. J'admettrai même que l'archétype de la garce me correspond également. A ce moment de ma vie, coucher avec un homme de couleur paraît plus passionnant. Et peut-être l'activiste politique en moi ressent une certaine exaltation en pensant que si j'ai un enfant avec mon partenaire actuel je casserai le patriarcat.

Mars 2000.

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Sexualité Interraciale 2.

 

[Rappel Sexualité Interraciale]

Quelques hommes Blancs ont souffert en raisons de leurs rapports - en particulier  le mariage - avec une femme d'une autre race. Un exemple célèbre fut Richard Loving, qui avec sa femme noir Mildred a défié l'État de Virginie interdisant les mariages mixtes avec succès (ce qui a mené à l'abrogation des lois de l'anti-métissage dans tous les États des États-Unis d’Amérique).

Les hommes blancs engagés des unions mixtes ont été soumis à des stéréotypes la plupart n’étant pas très flatteurs. Quelques-uns de ces stéréotypes prennent racines dans des courants ou réalités historiques. Par exemple, le mâle blanc louche se fonde sur les époques de l'esclavage et du colonialisme, alors que l'activiste politique a émergé pendant la lutte pour les droits civils dans les années 60 (1960) et le GI Joe avec le mouvement des féministes entre 1970 et 1980. Ces stéréotypes sont plus une fiction qu’un fait. Cependant afin de les réfuter, il est nécessaire de les examiner.

Le mâle blanc louche

Le mâle blanc louche (SWM - Sleazy White Male) est un homme blanc qui recherche des femmes de couleur uniquement pour le sexe. Son comportement est fréquemment motivé par la croyance que les femmes blanches sont naturellement asexuées et sont destinées au mariage et à la maternité et pas à une activité sexuelle débridée. Avec les femmes d'autres races, il peut donner libre cours à ses instincts les plus bas. En quelques sortes le mâle blanc louche est l'équivalent viril de la garce, la femme blanche qui fréquente  des hommes de couleur. Mais comme les fornicateurs virils, les adultères et les autres transgresseurs sexuels, le SWM affronte beaucoup moins de critique que la garce. Aussi longtemps que ses rapports avec les femmes des minorités ne deviennent pas trop sérieux, ils sont tolérés tacitement et à temps même encouragés. Dans le vieux sud, par exemple, il  était dit qu'un garçon n'était pas devenu un homme jusqu'à ce qu'il eut eu une relation sexuelle avec une femme noire.

Les mâles blancs louches furent nombreux à l’époque de l'impérialisme européen et de l'esclavage aux États-Unis d’Amérique. Plusieurs facteurs ont facilité leur apparition, comme le pouvoir social, économique et politique. Par exemple, les esclaves femmes noires n'avaient pas d’autres choix que de se soumettre aux demandes sexuelles de leurs maîtres bancs. Également es femmes de couleur ont choisi de s’unir avec leurs conquérants afin de gagner des privilèges pour elles et leur progéniture. En Amérique latine coloniale beaucoup de femmes indiennes ont cherché à devenir enceinte d’hommes espagnols parce que leurs enfants étaient ainsi exemptés de l’imposition sur les Indiens et parfois recevaient d'autres avantages. Mais même dans ce cas le “ consentement ” de la femme était douteux.

Néanmoins, les mâles blancs louches ont souvent dit “le diable m'a fait le faire”. Le diable dans ce cas était la femme en question: elle l'a tenté. Le commentateur du dix-neuvième siècle Sinibaldo de Mas  utilisa cette théorie pour expliquer pourquoi tant de prêtres espagnols aux Philippines cassèrent leurs vœux de célibat: “l’habillement des femmes indigènes est très séduisant et ces filles, loin d'être inaccessibles, se considérant comme chanceuses d’attirer l'attention du vicaire... quelle vertu et quel stoïcisme empêcherait le besoin qu’aurait un moine de les posséder!” (Singulièrement, plus récemment quelques publications arabes ont attribué le viol de domestiques philippines au Moyen Orient aux jupes soi-disant courtes des femmes, bien que les Philippines aient un habillement assez conservateur.) L’historienne Déborah Gray écrit que le vieux sud des États-Unis d’Amérique “les femmes noires passaient pour avoir appétits sexuels insatiables tels qu'elles devaient chercher à obtenir satisfaction avec des hommes n’étant pas de leur race.”

Un mâle blanc louche très célèbre était le président américain Thomas Jefferson qui avait une relation avec son esclave métisse Sally Hemings (réellement une demi-sœur (consanguine) de sa femme). Jefferson considéra le métissage comme une des choses les plus dégradantes dans laquelle une personne blanche puisse s’engager. Mais Jefferson “ s'est dégradé ” car des tests ADN sur un descendant des Hemings a confirmé que Jefferson était le père d’au moins un enfant de Sally. L'hypocrisie de Jefferson était typique de beaucoup d'autres hommes blancs de son époque qui publiquement condamnait les “ mélanges ” y prenaient part en privé.

Aujourd'hui le mâle blanc louche est relégué au royaume des déviants sexuels dans l'ensemble, comme le criminel (Gary Heidnick, le meurtrier fou de plusieurs femmes noires à Philadelphie) ou l'excentrique tordu (comme le politicien italo-américain à San Francisco qui avait des prostituées noires pratiquant la fellation et l’appelant papa).  L'équivalent le plus proche du SWM d'hier est l'Américain ou l’Européen qui prend part au tourisme sexuel dans les pays du tiers mondes, même s’il doit payer pour satisfaire ses appétits charnels, ce qui n’était pas le cas de ses prédécesseurs.

L'activiste politique

L'activiste politique (PA) est l'équivalent viril du stéréotype féminin du même nom. Comme elle, il voit le mariage avec une personne issue d’une minorité, surtout un noir, comme un moyen de combattre le racisme. Une telle union l'aide aussi expier sa culpabilité concernant les privilèges liés à sa couleur de la peau mais aussi à son sexe et, la plupart du temps, à sa classe sociale (la plupart des PA sont de classe sociale supérieure).

Mais les actions du PA sont saluées par beaucoup de personnes de couleur, avec un malaise au mieux et une hostilité au pire. On peut douter que l'inter mariage puisse résoudre le problème de la discrimination raciale étant donné que cinq siècles de “ mélange ” dans des endroits comme les Philippines, les Caraïbes, l’Amérique latine et même les États-Unis d'Amérique n'ont pas éliminé les avantages des blancs. Carol Camper, un écrivain africo-canadien qui était elle-même mariée à un homme blanc, suggère sous le gauchiste activiste politique il se cache un mâle blanc louche. Quelques blancs qui se sont mariés avec une noire dans les années 70 (1970) n’auraient été motivés que par le désir d'éprouver une soi-disant “exotique” manière de vivre.

Finalement, comme je l'ai mentionné dans mes articles antérieurs, même noble, le fait de souhaiter éliminer le racisme n'est pas par lui-même une base très solide pour un rapport avec un individu. Prenez le cas d'un homme blanc que j'appellerai Ron. Le ministre d'une église protestante libérale, Ron s'est marié à une femme noire nommée Marie pour montrer l’exemple d'harmonie entre des races différentes pour sa paroisse. Cependant, Ron et Marie n'avaient rien en commun. Ils ont divorcé quatre années plus tard. L'erreur de Ron a été de choisir une partenaire selon son appartenance à un groupe plutôt que selon ses qualités personnelles. Comme l'histoire de Ron le montre, une “ déclaration politique ” seule n'est pas la meilleure raison pour un mariage.

Le GI Joe

Le GI Joe est un homme blanc qui cherche des femmes des minorités pour retrouver les idéaux de féminité et de dévouement conjugal, dévouement perdu par les blanches au profit de l’activité professionnelle. Habituellement ses cibles sont des femmes asiatiques ( en partie à cause du cinéma tel que The World of Suzie Wong et des pièces de théâtre comme Miss Saigon), bien que les femmes latino-américaines soient aussi dépeintes  comme plus “domestique” que la femme américaine blanche moyenne. Le mariage entre de races différentes donne au GI Joe la possibilité de vivre “ comme avant ”.

Le GI Joe essaie souvent de trouver sa Madame Butterfly à travers la “ vente de mariées  par correspondance ” où les femmes d'Asie et d’Amérique latine s’offrent à des hommes des pays industrialisés. Dans son essai “Recipe” (in The Very Inside : An Anthology of Writing by Asian and Pacific Islander Lesbian and Bisexuel Women -  Une Anthologie d'Écrits des Femmes Asiatiques et Océaniennes Lesbiennes et Bisexuelles), l'écrivain sino-canadien C. Allyson Lee donne une description humoristique du GI Joe: “Bel hétérosexuel blanc, cadre entre deux âges qui cherche sa spéciale petite poupée de Chine, de préférence petite, menu et obéissante. L'objet: accomplir le fantasme typique concernant le stéréotype des femmes orientales désireuses d’épouser un Canadien pour sortir de Hong Kong ou les Philippines et qui ferait n'importe quoi pour plaire à son mari.”

Cependant, la vaste majorité d'hommes blancs mariés à une Asiatique ou une femme latino-américaine n'ont pas rencontré leurs femmes à travers “ la vente par correspondance ” (il existe aussi une vente par correspondance concernant les femmes blanches d'Europe de l'Est dont quelques clients sont des hommes japonais), et la plupart ne demandent pas de Suzy Wong. Une étude à Hawaï a montré que ces maris blancs de femmes asiatiques ne se montraient pas plus tyranniques que ne le sont leurs équivalents avec des femmes blanches et que ces femmes asiatiques qui se sont mariées à l'extérieur de leur race n’étaient pas plus ou moins soumise que leurs sœurs mariées à des Asiatiques. De la même façon, les femmes asiatiques mariées aux hommes blancs étaient, plus disponible, que les femmes blanches dans une union non interraciale, pour travailler à l'extérieur ce qui oblitère la notion que les hommes blancs cherchent la soumission chez leurs partenaires asiatiques. Le GI Joe, comme la plupart des stéréotypes, est une fiction.

Je terminerai la discussion en décrivant un vrai rapport entre des races différentes. Mon cousin Bill est fiancé à une femme coréenne. Elle est ingénieur avec une bonne carrière, donc s'il cherche une geisha, cette femme n’est pas pour lui. Il ne paraît pas être un PA, surtout qu’un mariage asiatique-blanc n'est plus sujet à controverses. Une femme blanche conservatrice que je connaissais, catholique traditionnelle qui pensait l’avorteur local était plus mauvais que Roi Hérode, m'avait dit qu’elle serait heureuse de voir sa fille épouser un homme chinois. Et le fait que Bill projette d'épouser sa fiancée coréenne le disqualifie comme un mâle blanc louche, bien que la plupart des hommes blancs aient été impliqués dans des rapports entre des races différentes qui ne mènent pas au mariage sans être des SWM.

Ma sensation est que les rapports entre races différentes devenus plus banals et plus acceptés, les stéréotypes au sujet de gens qui y prennent part disparaîtront progressivement. Maintenant les femmes blanches ne sont pas emprisonnées par les concepts passés et un homme blanc peut satisfaire ses désirs avec une femme blanche ou noire. La même chose vaut pour l'activiste politique: avec l'acceptation croissante du mariage entre des races différentes, les PA de l'un et l'autre sexe trouveront décevant que leur mariage à une personne d’une minorité ne créera pas d'agitation sauf parmi l’extrême droite (et même, Terry Nichols, le complice de Timothée McVeigh dans l’attentat du bâtiment fédéral d’Oklahoma City, était marié à un Philippin).

Bien sûr nous ne savons pas comment le futur des rapports entre des races différentes et les stéréotypes qui les accompagnent vont évoluer. Il y a une chance pour que les unions interraciale soient encore stigmatisées. Comme un professeur de la sociologie disait l’histoire n'est pas une ligne droite vers de progrès. Au début de la colonisation de la Hollande en Afrique du sud, par exemple, les rapports entre Hollandais et femmes d’Afrique ont été acceptés. Plus tard, de telles unions ont été interdites, par la loi (jusqu'à l'abolition de l’Apartheid, elles étaient sous le coup de “ l’Immorality Act ”). Mais il se pourrait que ceux qui trouvent ces stéréotypes concernant la sexualité interraciale, intéressants, stimulants et amusant, devraient en jouir pendant qu’ils le peuvent encore.

Juillet 2000.

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Sexualité Interraciale 3.

[Rappel des articles antérieurs]

L'autre homme.

L'autre homme le plus célèbre était bien sûr le mâle noir du vieux sud des États-Unis d’Amérique. D’innombrables hommes noirs ont été lynchés pour avoir “trop regardé” une femme blanche. Il était considéré que les noirs avaient “appétit sexuel insatiable et qu’ils ne pouvaient se limiter aux femmes noires pour se satisfaire”. Il n’y avait donc aucun doute dans l'esprit collectif de société blanche quant aux intentions derrières certains “ regards ”. Les immigrés philippins aux États-Unis d’Amérique furent diabolisés de 1920 à 1930 car l’on présumait qu’ils séduisaient des femmes blanches. La réponse à ces unions in commandant les blancs fut de placer les Philippins dans la liste des groupes ethniques ne pouvant épouser des blancs.

Mais le concept de l'autre homme n'a pas été limité aux États-Unis d’Amérique ou même aux non-blancs. Les hommes juifs en Allemagne nazie ont souvent été dépeints comme convoitant des femmes “ aryennes ”. Dans Mein Kampf, Adolf Hitler diabolisa la “jeunesse juive aux cheveux noirs qui se cache dans l’attente [d’une fille allemande]” (Adolf Hitler parla aussi des prétendus prouesses sexuelles des Juifs sans doute taraudé par la jalousie car le Führer était lui-même impuissant). Même au Canada - un pays qui aime à se croire non raciste, non anti sémite et où Hitler n’a pas d’auditoire - au Québec, en 1910, des voix s’élevèrent pour qualifier les Juifs comme “corrupteurs de nos femmes” (c à d. de femmes blanches chrétiennes). Le Canada eut, également une loi, défendant aux femmes blanches de travailler dans des magasins possédés par des hommes chinois.

L'autre homme n’existerait pas si la femme blanche n’était pas considérée comme pure. D'après cette philosophie, les femmes blanches étaient asexuées. Les femmes blanches n’étaient que des reproductrices et des femmes réservées au mariage. La femme blanche moyenne devait fuire le contact sexuel avec hommes non-blanc, y compris un homme blanc n’étant pas son mari. Donc les “ accouplements ” entre femmes blanches et mâles des minorités étaient supposés être des viols.

Mais une telle femme serait une madone. Si elle avait été violée par un homme non-blanc  ou, dans le cas de rapport sexuel consenti, elle aurait été présumée “précédemment chaste” et donc séduite. La société la plaindrait comme une victime innocente. Les femmes refusant de jouer la victime innocente ou de nier leur engagement avec les hommes de la minorité tombèrent aussi rapidement de leur piédestal que l’on pourrait dire “ garce ”. Ces femmes sont descendues au niveau de la garce (voir l'essai Sexualité interraciale).

Les lynchages, la castration d'hommes des minorités impliqués avec des femmes blanches, et la "diabolisation" de groupes ethniques entiers comme sexuellement déviant sont les souvenirs d’un passé lointain. Néanmoins, en 1989 on se souvient du meurtre d'un jeune homme noir  accusé d’avoir une relation avec une fille blanche à Bensonhurst (État de New York, États-Unis d’Amérique). Cela nous fait prendre conscience que les choses n’ont pas autant évolué que l’on le voudrait. Comme la garce, l'autre homme n’a pas totalement disparu.

Jézabel

Dans son livre “Suis-je une femme? Esclaves féminines dans les plantations du sud / Ar’n’t I a Woman ? Female Slaves in the Plantation of South ”, le professeur Déborah Gray de l’Université Rutgers affirme qu’il y avait deux stéréotypes principaux de femmes noires en Amérique: Maman et Jézabel. Alors que la Maman était une sorte de version noire de la Vierge-Marie - maternel, fiable et fondamentalement asexué - Jézabel était, elle, le contraire exact: lascive, hédoniste, et sans moralité. Comme l'autre homme, Jézabel était l’archétype de la croyance conduisant à dires que les noires étaient sexuellement insatiables. Alors que l'autre homme était une menace à la pureté sexuelle féminine blanche, Jézabel est devenu accessible aux hommes blancs. Elle a servi d’excuse aux viols de la femme noire par un homme blanc - ou pour son infidélité à une femme blanche. Beaucoup de blancs du sud croyaient que ces femmes noires ne pouvaient être violées et qu'au contraire elles accueillaient les avances des mâles blancs.

Comme avec son équivalent viril, l'autre homme, Jézabel n'a pas été limitée aux États-Unis d’Amérique et aux noirs. On a reproché aux femmes philippines, par exemple, de pousser les prêtres espagnols à la faute (voit Sexualité Interraciale 2).

Mais les relations entre Espagnols et Philippines étaient en général consenties.

Comme leurs sœurs des colonies américaines d'Espagne, les femmes philippines avaient des enfants métis jouissant d’une meilleure situation sociale et économique que leurs frères philippins.

L'enthousiasme passé n’existe pas dans les rapports d'aujourd'hui entre philippines (et autres femmes asiatiques) et les hommes du Moyen Orient. Des douzaines de domestiques féminines asiatiques dans cette région ont rapporté être violé par leurs patrons. L'exemple le mieux connu est celui de Sara Balabagan, une adolescente philippine qui travaillaient comme bonne dans les Émirats Arabes Unis pour soutenir sa famille aux Philippines et qui avait poignardé son patron de 84 ans qui essayait de la violer. Elle fut condamnée à mort  puis acquittée suite à la protestation internationale.

La Geisha

Contrairement à l'autre homme et Jézabel, l'archétype de la Geisha a été appliqué à un seul groupe ethnique: les Asiatiques. De plus, pendant que les autres deux stéréotypes ont été fondés par société blanche, les Asiatiques eux-mêmes ont fondé l'image de la Geisha.

La Geisha se reporte à la femme asiatique qui fait tout pour plaire à son homme. Le dictionnaire Webster définit le terme - qui contient les mots japonais “gei” (art) et “-sha” (personne) - comme “une fille japonaise qui est formée pour fournir un divertissement et un “allégement des peines ” pour un homme ou pour un groupe d'hommes,” la Geisha  peut maintenant inclure des femmes d'autres pays asiatiques et concerner surtout le divertissement d’hommes blancs. La Geisha a été immortalisée au cinéma par The World of Suzie Wong, ou Miss Saigon, ou encore par l ’opéra de Puccini  Madama Butterfly. La “ vente par correspondance ” de mariées a fait usage de la Geisha pour accentuer le dévouement conjugal que les Philippines et autre Asiatiques mariées peuvent apporter à leurs maris de l'Ouest.

Il est facile de renvoyer Suzy Wong et Madama Butterfly au racket de la “ vente par correspondance de mariées ” comme un exemple du sexisme de racisme blanc. Plus difficile de comprendre la préservation des Geisha par quelques Asiatiques eux-mêmes. Dans un essai publié dans Piece of My Heart : A Lesbian of Color Anthology l’activiste américano-philippine Karin Aguilar-San Juan décrit les partenaires féminines asiatiques d'hommes blancs comme étant “aux pieds d'hommes blancs - ayant repoussé les hommes asiatiques comme trop efféminés”, une affirmation qui se rapproche des femmes de The World of Suzy Wong et de Miss Saigont. Aguilar-San Juan laisse perplexe ( comme lesbienne, elle admet avoir couché avec des femmes blanches) dans le grand nombre d'autres activistes américano-asiatiques caractérisant la Geisha selon le courant dominant de  Miss Saigon.

Le défaut majeur de la Geisha, pourtant, est qu'elle ne représente pas une réalité. Comme je l'ai mentionné dans mes articles antérieurs, les études scientifiques ont montré que femmes asiatiques qui épousent des hommes blancs ne sont pas nécessairement dans une position de soumission par rapport à leurs sœurs qui se marient avec un Asiatique ou par rapport aux femmes blanches, d'ailleurs. Et elles sont loin d’avoir “repoussé les hommes asiatiques comme trop efféminés,” comme Karine Aguilar-San Juan l’affirme. Quelques femmes asiatiques cherchent un partenaire blanc parce qu'elles les trouvent plus égalitaires que les  hommes asiatiques (la justesse de cette perception étant une autre question). Par exemple, une Philippine interrogée dans le numéro de juin/juillet 1998 de A Magazine : Inside Asian America déclarait “quand les femmes philippines de ma génération sortent avec un homme américain, c'est parce qu'elles ne veulent pas d’un  Philippin conservateur… la plupart des hommes américains nous traitent de manière égalitaire.” Il paraît improbable par conséquent que les femmes asiatiques recherchent chez les hommes blancs un idéal d'hyper virilité.

Fin de ma série sur les stéréotypes du métissage. Il y a d’autres indubitablement.  Je ne suis pas informée de tout. J'ai couvert les rapports hétérosexuels. Ce peut être intéressant de voir si la communauté gay a sa propre galerie d'archétypes concernant les rapports entre des races différentes. Le journaliste arabo-canadien Kamal Al-Solaylee rapporte dans l’hebdomadaire de Toronto Xtra! que quelques hommes gays blancs ont intériorisé l'image de la Geisha par référence aux hommes asiatiques. Comme je ne suis pas homosexuelle, je ne puis commenter les questions concernant cette communauté.

Mes articles se sont concentrés pour une grande part sur la société occidentale, avec l'exception du portrait de la femme asiatique au Moyen Orient, pourtant les autres cultures doivent avoir leurs propres idées au sujet d'unions entre des races différentes et les individus qui y prennent part.

Les stéréotypes servent plusieurs buts. Ils nous fournissent une façon facile de classer par catégories des gens plutôt que les examiner comme individus. De plus, les stéréotypes sont utilisés pour maintenir un statu quo. Par exemple, l'histoire de Jézabel, a permis aux hommes blancs de justifier leurs alliances et le viol des femmes d’autres races colonisées ou asservies. L'autre homme a servi d’outil pour garder les femmes blanches séparées des hommes non-blancs, pendant que la garce était utilisée pour punir les femmes  fréquentant des hommes de couleur.

En Amérique du Nord moderne, les tabous sexuels et raciaux ont diminué. Néanmoins, il est intéressant d’examiner ces stéréotypes, parce qu'ils nous éclairent au sujet de notre histoire et de notre société ainsi que sur notre psychologie.

Janvier 2001.

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Sexualité Interraciale 4.

Antérieurement, j'ai discuté la question du racisme inverse. Ma conclusion fut que dans les relations interraciales il s’agit plus d’une fiction que d’une réalité. Les partisans du racisme inverse doivent expliquer pourquoi par les noirs acceptent plus l’inter mariage que les blancs.  Une étude Gallup de 1997 a prouvé que si une majorité approuvait les mariages interraciaux, le pourcentage est plus fort chez les noirs de presque vingt points (79% contre 61%).  Une étude en Alabama a révélé la même disparité, avec deux tiers d'Américains africains et seulement 31% de blancs avalisant le métissage.

Quelques noirs s'opposent au mariage avec les blancs. Un groupe d'Américains africains  ont exprimé leurs craintes au sujet de l’augmentation des unions interraciales qui excluraient les femmes noires du “ marché du mariage ”.

Un coup d’œil à quelques statistiques confirme leurs peurs.  D'après le bureau américain du recensement, 4.5% d'hommes noirs mariés avaient une non-noire pour épouse en 1990 (essentiellement une blanche), comparés à 1.5% en 1970.  L’inter mariage parmi les femmes noires a aussi augmenté pendant cette période - de 0.8% à seulement moins de 2% - donc la moitié du taux masculin. Pourtant les femmes américaines africaines sont plus nombreuses que les hommes de la même origine à entrer dans les institutions de plus haute érudition (où elles auraient plus de contact avec les blancs), et le tabou est plus fort concernant les rapports homme noir/femme blanche que l’inverse. En conséquence, quelques femmes noires finissent seules.

Les statistiques ne montrent pas les sensations réelles des femmes noires. Ces dernières années, beaucoup ont exprimé leur frustration à regarder “leurs” hommes (surtout les mieux instruits, financièrement prospères) tomber dans les bras de femmes blanches.  Cette frustration est écrite le roman de Terry McMillan Waiting to Exhale dans lequel mari noir d'une femme noire la laisse pour sa comptable blanche. Au cinéma c’est le cas de Jungle Fever où le protagoniste noir abandonne sa femme de la métisse pour une secrétaire italienne.

Dans le New York Times, en 1992, la romancière Bebe Moore Campbell se rappelle qu’assise dans un restaurant avec quelques amies noires elle vit un bel acteur noir entrer  dans l'établissement accompagné par une blonde. Moore Campbell dit “nous avons gémi, nous avons gémi, nous avons levé nos yeux vers le ciel. Nous avons grincé des dents et nous avons secoué nos têtes.”

Quelques-unes vont même plus loin que Moore Campbell et attaquent directement les femmes blanches en question. Dans un article de Ms Magazine, Angela Ards stigmatise ses collègues blanches qui veulent “partir leur vivre la “ fièvre de la jungle ” en prenant des vacances dans les Caraïbes où elles vivront une aventure avec un homme noir.” D’autres paraissent croire qu’il y a quelque une conspiration de la femme blanche pour “voler” les hommes noirs aux femmes noires.  Par exemple, un contributaire au livre Miscegenation Blues : Voices of Mixed-Race Womens parlent des voies utilisées par les femmes blanches pour saper les rapports des mâles noirs avec les femmes noirs.

Beaucoup de gens seraient tentés de voir ces attaques comme un exemple de racisme inverse. Utilisez une analogie. Si j'avais accusé les Thaïlandaises et Philippines impliquées dans la “ vente par correspondance de mariées ” d'essayer de saboter les rapports des mâles blancs avec les femmes blanches j’aurais été taxée de racisme immédiatement.  (Singulièrement, quelques hommes noirs disent choisir des compagnes blanches parce qu'ils les trouvent plus dociles et moins franches que les femmes américaines africaines –pour la même raison quelques hommes blancs préfèrent les Asiatiques).

Quelques cent ou mille femmes asiatiques dans “ la vente par correspondance ” n'affecteraient pas mes chances de trouver un mari blanc ou petit ami.  Et même si quelques hommes blancs peuvent me préférer une femme asiatique, je pourrai les remplacer par un noir facilement ou par un partenaire asiatique ou Latino.

Je peux m'identifier à mes sœurs  américaines africaines comme une femme canadienne italienne.  Je me souviens que dans mon lycée “ blanc ” la plupart de mes “ amours ” étaient des garçons italiens que j'ai considérés comme “ la meilleure chose depuis le pain découpé en tranche ”.  Mais hélas, ils m’ont rarement rendu ma faveur.  Je ne peux pas dire combien j’étais mal en voyant mon idéal avec quelque blonde nordique main dans la main.  Je me suis senti comme Bébé Moore Campbell et ses amis au restaurant.

Les femmes noires doivent vivre aussi avec la réalité. Les femmes blanches représentent  la beauté féminine en Amérique.  C'est vrai pour les deux communautés noires et blanches. Dans leur livre The Color Complex, les auteurs Kathy Russell, Midge Wilson et Ronald Hall décrivent comment les femmes blanches sont idolâtrées par beaucoup de femmes noires d'où le pléthore de produits défrisants. Ce n'est pas surprenant que pour certaines familles noires se marier avec une blanche est un exploit.  Les auteurs citent le cas d'un homme noir qui remarque qu’il n'y aura plus aucun noir dans sa quand tous ses enfants seront mariés à une blanche.

Au Brésil et aux Caraïbes où le “ mélange ” existe depuis un demi-millénaire, le terme  “bons cheveux” est commun (pour la “ ligne droite ” qui condamne les cheveux frisés).  Même dans des régions où le métissage a concerné les blancs et les asiatiques ou les blancs et Indiens américains plutôt que les blancs et les noirs, “le blanc est bon” reste de mise.  L'industrie du film aux Philippines, par exemple, est pleine d'acteurs et d’actrices qui pourraient être pris pour des Italiens ou des Espagnols. Ainsi s’est forgé l’impérialisme européen.

Néanmoins, je ne peux pas accepter la critique des femmes noires. Je ne suis pas offensé par ces critiques et personnellement, je connais beaucoup d'hommes noirs qui aiment leurs mères, leurs sœurs et leurs autres parents féminins et mais qui aiment les femmes blanches. Ces hommes sont pris pour des traîtres à la communauté noire, juste parce que quelques-uns ne sont pas attirés par des femmes de leur race. Cela ne signifie pas nécessairement qu’ils détestent les femmes noires ou les noirs en général.  J'ai reçu des courriers qui me disait que si je sortais avec des noires c’était parce que je détestais les hommes blancs.  Dans ma réponse, j'explique que ce n’est pas parce que je ne suis pas attiré par les hommes blancs sexuellement que cela signifie que je les déteste. Et ce n’est pas parce que je ne suis pas lesbienne que je déteste les femmes.

Je suis sceptique en toutes tentatives de politiser les rapports sexuels.  Par exemple, le concept populaire de 1960 que le métissage mettrait au racisme s'est avéré faux.  Quel contrôle avons-nous, sur nos attirances sexuelles? Beaucoup d'homosexuel(le)s, par exemple,  disent comment ils ont vraiment essayé de devenir hétérosexuel(le)s sans y parvenir. Je ne peux pas changer le fait que les hommes anglo-saxons ne m’attirent pas, en dépit d'avoir grandi dans leur milieu et d’avoir beaucoup d’amis masculins platoniques parmi eux.

Les femmes noires qui se sentent incapable de trouver un compagnon de leur propre apparence peuvent se tourner vers d’autres races.  Bien que les hommes blancs soient l'exemple le plus évident, car les blancs forment la majorité de la population américaine pour l'instant, les autres mâles non-noirs peuvent valoir un essai.  L'auteur Steve Sailer suggère à ces femmes noires de choisir des hommes asiatiques qui éprouvent une difficulté à trouver une compagne de leur race.  Les Latinos peuvent être considérés depuis que Hispano-américains sont plus ouverts aux mariages interraciaux.

La décision de sortir avec un partenaire d’un autre groupe ethnique n'est pas toujours facile.  Dans une certaine mesure nous sommes attirés à ce qui nous est familier. Au lycée je ne pensais pas que je serais attirée par des hommes non-italiens, mais depuis j’ai pur “étendre mes horizons”. J’en suis arrivé au point où Hispaniques, Antillais et Océaniens m'attirent.

Mars 2002.

 HAUT.TOP.


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