Avis
de NEUROMEDIA suite aux auditions publiques du Parlement Européen
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Commission des Affaires Institutionnelles du 17-18 octobre 1995 et 26-27
février 1996 et concernant le Traité d’Amsterdam.
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NEUROMEDIA est heureuse que le Parlement Européen poursuive sa
consultation de la société civile, en particulier à une période importante
de la construction européenne.
Elle a poursuivi, suite aux auditions publiques, un effort
d’information interne, notamment pour ses sections africaines, intéressées
par l’intégration européenne.
Cependant, nous jugeons que le programme PRINCE (Programme d’Information
des Citoyens Européens) n’est pas suffisant et ne permet pas d’informer
correctement les citoyens européens. En effet, on sait
que 75% des Européens ne connaissaient pas la CIG (Conférence
Intergouvernementale) et que 93% des Français demandaient plus d’informations
sur l’Europe. (Europinion. DG X. septembre 1996. Opinion des Européens sur la
réforme institutionnelle II).
L’organisation a donc décidé de préparer une émission radiophonique
d’information sur l’Europe, proposée par les réseaux de radios locales qui
le souhaitent, notamment en France.
Sur le Traité d’Amsterdam, certaines progressions sont à constater.
L’intégration du Traité de Schengen dans le nouveau traité est sans
doute souhaitable. Il convient, cependant, que le renforcement de la coopération
policière et pénale puisse suivre, ce qui parait ne pas être le cas. L’amélioration
concernant la coopération judiciaire civile et le franchissement des frontières
reste trop faible.
Il est, à ce titre, bon de permettre à certains États d’accroître
leur coopération dans le cadre de la PESC (Politique Étrangère et de Sécurité
Commune).
Ce procédé risque, malgré tout, d’être utile en cas de nouvelles
adhésions (même si le nouveau traité ne le prévoit pas), dans le premier
pilier (marché unique). Il convient donc de souligner le fait qu’il soit
particulièrement urgent de réfléchir à l’adhésion de nouveaux États. Le
veulent-ils et le peuvent-ils? Il ne faut pas sacrifier l’intégration
actuelle à de nouvelles adhésions.
Cependant nous regrettons que rien n’ait été fait quant aux règles
de votation au sein du Conseil de l’Union Européenne et pour la composition
de la Commission Européenne (même si le nombre de commissaires devrait ne pas
excéder 20 dans la mesure où les grands États perdront leur deuxième
commissaire).
Il est regrettable que le
Parlement Européen ne puisse gagner qu’en « codécision » mais
pas en pouvoir. A l’heure où le droit européen s’impose de plus en plus, où
l’EURO semble être une réalité, il n’est plus admissible que le transfert
de compétence et de souveraineté se fasse toujours au profit d’organes nommés.
Il est vrai que concernant la France, le déficit démocratique qui en résulte
est moins important du fait du système de la Vème République, mais il n’en va pas de même pour
d’autres pays. De plus, seul le Parlement Européen (et les institutions
judiciaires dans certains cas) peut être saisi directement par les citoyens. Il
semble qu’il n’y ait pas eu de volonté politique à ce sujet.
Si nous nous félicitons, dans le Pacte de Convergence Monétaire, de
l’intégration d’un volet social, nous avons peur que l’institution d’un
nouveau comité en la matière ne change pas beaucoup de chose à la situation
actuelle de l’Europe des 15. Nous tenons à attirer l’attention sur le fait,
que même si le commissaire européen ,Monsieur Marcelino Oreja, se félicite du
nouveau traité qui place le citoyen au centre de la discussion, il est
important de ne pas perdre de vu ce but, car l’essentiel de ce qui a été
fait précédemment, y compris la citoyenneté européenne, n’a pas apporté
beaucoup aux dits citoyens, mais davantage aux sociétés commerciales.
Nous
ne sommes pas d’accord avec la possibilité d’accorder
aux États le droit d’introduire des « discriminations positives »
(pour les femmes). Ce procédé est dangereux puisqu’il peut s’étendre à
de « nouvelles » catégories de personnes, et de fait, introduire de
« nouvelles races » qu’il faudrait favoriser. Il est inutile de préciser
davantage l’effet qui en résultera, sans compter les fraudes. La Cour de
Justice des Communautés Européennes avait interdit ce genre de mesures dans
une Affaire Kalank (octobre 1995). La nouvelle disposition veut casser
l’opposition de la Cour.
De façon plus générale, si beaucoup a été fait depuis 1957, il reste
beaucoup à faire. Le Parlement Européen, en renforçant la fréquence de ses
consultations, et en gagnant en pouvoir, aurait pu permettre une amélioration
notoire de la situation actuelle.
Aujourd’hui, le renforcement de la
collaboration interuniversitaire en Europe et sans doute en Occident avec l’ECTS
(European Credit Transfert System) est un grand pas. Cependant dans d’autres
domaines, notamment les médias, il reste un manque. La directive « Télévision
sans Frontière » qui a accordé à la France la mise en place de « 40%
de musique française » est-elle vraiment en accord avec le principe de
libre concurrence? Le maintien des associations dans un vide juridique européen,
alors que beaucoup d’institutions à vocation commerciale ont adopté cette
structure en France est-il tolérable? Et encore, la seule institution des
G.E.I.E (Groupement Européen d’Intérêt Économique) est-il l’annonce, qui
se fait attendre, d’un système de société commerciale européenne voulue
par le Président Jacques Santer ? Autant de questions qu’il faudra résoudre
et où il faudra rencontrer l’adhésion des citoyens ... qui attendent ...