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Le travail d'exorciste n'est évidement plus le même depuis le progrès
incontestable de la science ces dernières années. Les croyances d'antan ne
sont plus de rigueur aujourd'hui. C'est un entretien très large que nous avons
eu avec l'Abbé Chossonnery, Exorciste du Diocèse de Lyon. Pour lui, la
fonction d'exorciste est d'essayer, dans la mesure du possible, d'apaiser la
souffrance ou l'inquiétude des personnes qui viennent le consulter. Certains
pensent être victimes d'un sort, ou ont une inquiétude face à une expérience
de parapsychologie qui a mal tourné. D'autres sont victimes de névroses ou de
psychoses et l'Abbé insiste sur le fait qu'il est impossible, aujourd'hui de
pratiquer "l'exorcisme" sans une formation minimum en psychiatrie.
Enfin, les questions soumises ne peuvent être que purement spirituelles.
L'Abbé Chossonnery ne prend pas vraiment position quant à la nature de
l'antéchrist ou de son existence. Sur la phrase de Karen Blixen "Dieu et
Diable sont un, leur majesté est également grande, leur splendeur également
éternelle. L’Abbé pense que l'on ne peut accepter l'ambivalence de Dieu,
mais seulement celle de la vie. Il est impossible que le mal soit dans la volonté
de créer. La possession est plus de l'ordre du péché de la perversion. Les
critères de force herculéenne et de pratique de langues non connues ne sont
plus pris en compte. Comme pour le principe légaliste, l'Abbé retient, non
pas, la pensée, mais l'acte matériel de l'individu. Avoir envie de tuer n'est
pas tuer. En revanche il faut se préoccuper de ceux qui passent à l'acte.
Quand l'éthique est remise en cause, comme pour le trafic de stupéfiants ou
les génocides, on peut s'interroger sur l'état des personnes concernées. Sur
le fond, il était normal d'interroger l'Abbé sur le fait que le commerce des
stupéfiants a pour motif l'appât du gain et qu'en ce sens, aussi contestable
soit-il, le trafic de stupéfiants à la différence des génocides a un mobile
financier. Or, le protestantisme encourage la capitalisation. L'Abbé, pense que
quelle que soit la religion, la "capitalisation à outrance" est de
toute façon condamnable. Nouvelle interrogation sur le fait que certains hommes
aient à déterminer si d'autres hommes doivent mourir pour préserver des intérêts
supérieurs. L'Abbé insiste sur l'importance d'une telle décision. On doit écarter
l'éventuel trouble si la personne dont dépend la décision la prend en accord
avec sa conscience, en la circonstance, il se développe un dialogue avec Dieu
et la décision ne se prend pas "seul".
Sur la possession, l'Abbé ne s'est interrogé que trois fois, dans sa carrière, sur 850. Ce pourcentage de 0,35% n'est pas forcement très éloigné des 0,08% de 1986 (sur la France entière), car il faut considérer que le diocèse de Lyon est important est que l'Abbé pratique depuis plusieurs années. La possession intervient donc dans les différents cas cités plus haut, mais aussi quand un être est amené à se surpasser et à se placer ainsi sous l'emprise d'un "ennemi de Dieu".Il était alors à propos de nous traiter des dangers que représentaient certaines sectes, certains livres et certains films. L'Abbé n'est pas inquiété par les églises sataniques. Il souligne la distinction qu'il faut faire en France entre sectes sataniques et lucifériennes. Les sectes lucifériennes sont pour lui très dangereuses. Le fait de pactiser, avec un ennemi de Dieu, que son existence soit effective ou non, est forcement néfaste. Quand l'Abbé nous dit que de toute façon il pense que ces organisations restent très fermées, nous partageons son opinion. Certes, The Temple of Set ou The Church of Satan sont médiatiques mais ne sont pas forcément les plus dangereuses. Pour plus d'informations il faudra se référer aux différentes investigations que nous avons en notre possession.
Quant aux livres tels les romans de H.P.Lovecraft, ils peuvent avoir un
effet, seulement sur des gens faibles. Les films comme "Amytiville" ou
"L'Exorciste" font du tort aux exorcistes et l'Abbé déclare
"qu'ils entretiennent les gens dans la misère et le sous-développement",
cela d'autant plus que l'exorcisme se fera toujours avec une personne qui
consentira et jamais une chose ne sera exorcisée. Elle ne pourra être que bénite.
Concernant les implications que sa fonction peuvent avoir dans le domaine
juridique, l'Abbé ne souhaite pas une modification de la législation ou de la
jurisprudence. Il demande une collaboration entre exorcistes, juristes et médecins.
Mais l'apport d'un témoignage dans certaines affaires, comme cela a pu être
requis, refusé ou accepté aux États-Unis, n'est pas souhaitable dans la
mesure où l'exorciste risquerait de perdre la confiance des personnes qui
viennent le consulter. En effet, le secret qui le lie est important, peut-être
beaucoup plus que pour nulle autre profession.
Puis nous avons terminé l'entretien en traitant brièvement des
questions de la Sorcellerie en Afrique et du Vaudou aux Caraïbes, qui, en fait,
ne correspondent qu'à l'utilisation de poisons, dont notre déterminisme
scientifique n'est pas toujours apte à expliquer les effets.
Pour conclure, il semble, pour notre part, que l'Abbé Chossonnery
s'adapte parfaitement à la mission qu'il a à remplir dans un monde où la
science est première. Il est regrettable que d'autres ecclésiastiques, ne résistant
pas à la tentation télévisuelle expliquent des choses, qui, aujourd'hui,
n'ont plus lieu de l'être et entretiennent les gens dans l'erreur. Ceux d'entre
nous qui ont suivi des études de "Pratique de l'Écriture" ont un schéma
qui ne correspond probablement pas à celui que nous décrivons ici, en ce sens
qu'il est sûrement beaucoup plus médiatique. Les questions restent nombreuses.
Avons-nous raison de tant toucher aux forces "noires" ? Ne devrions
nous pas plus nous attacher au réel, et plus précisément à l'horreur du réel
?