Colloque
franco-québécois 2002.
Du
livre à Internet. Quelle université ?
Intérêt
de la perte d’importance des sources livresques.
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Lorsque
j’ai commencé ma thèse sous codirection franco-canadienne,
les relations avec mes directeurs de thèses ont été établies par
courrier électronique. A la différence de beaucoup de doctorants bénéficiant
d’un suivi semestriel, j’ai bénéficié d’un suivi hebdomadaire. Internet
change donc la manière de travailler.
D’une
part, dans bien des cas, le livre est appelé à céder la place à des moyens
d’information électronique plus à jour.
Le
cas de la dernière mandature législative en France est significatif. Le
pouvoir a voté plus de deux cents lois modifiant rapidement et profondément la
plupart des textes et pratiques qu’il aurait fallu mettre immédiatement à
jour.
En
droit privé communautaire européen, ma spécialité, les éditeurs ont renoncé
à produire des codes qui perdraient de leur actualité dès leur sortie en
librairie. Dans cette matière il est impossible de ne travailler que sur des
livres dont la plupart ne seront pas à jour. Ainsi l’Union européenne
propose l’intégralité de sa documentation en ligne et ne fournit plus
certains documents sur papier. Quatre vingt dix pour cent de la documentation
que j’utilise dans la rédaction de ma thèse provient de documents électroniques
représentant plusieurs dizaine de kilogrammes.
Le
problème de la conservation du contenu est une question qui semble secondaire
lorsque l’on sait que soixante pour cent des collections de la bibliothèque
centrale universitaire de Lyon ont été perdu dans un incendie, alors que des
collections dématérialisées auraient été, sans doute, conservées. Le problème
majeur reste celui des virus informatiques.
Limité
par l’actualité, le livre est aussi limité dans son lectorat. D’abord, les
collections en France sont moins importantes qu’au Québec et le prêt inter bibliothécaire
est peu pratique. Ensuite, beaucoup de livres, même
s’ils méritent encore d’être consultés, sont épuisés et ne seront pas réédités.
Mon mémoire de diplôme d’études approfondies fut publié, comme ce sera le
cas de ma thèse. Une fois les exemplaires épuisés et le sujet dépassé,
j’ai mis ce premier document en libre accès sur mon site. Il serait utile de
réfléchir à ce système permettant l’accès à des livres devenus
indisponibles.
D’autre
part, le livre c’est aussi le responsable d’une perte de la connaissance. En
France, les éditeurs juridiques peuvent « vivre » car le lectorat
reste important. Au Québec, la situation est différente. S’il est difficile
de publier, en France, c’est une question de qualité des personnes, et au Québec,
une question de lectorat. Internet est ouvert à tous. La quantité
d’informations, de qualité, produites par des enseignants et surtout par des
étudiants, longtemps « interdits de publication », est une amélioration
pour la recherche. Davantage de thèses non publiées devraient être sur
Internet.
Si
le livre restera un élément ayant sa place à l’université, il devra perdre
de l’importance face à la publication électronique. Si cela est entendu, il
reste aujourd’hui, notamment en France, à faire disparaître des esprits :
« si c’est sur Internet, ce n’est pas fiable, ce n’est pas la même
chose que dans les livres ».